Une étape décisive pour la DNUAF et le financement du secteur ASPH en Afrique de l’Ouest
Ce mardi 2 décembre 2025, à l’hôtel les Résidences Mamoune à Dakar, s’est tenue la cérémonie d’ouverture de l’atelier de validation de la DNUAF Sénégal et la réflexion sur le financement du secteur agro Sylvio pastoral et Halieutique. Organisé par le ROPPA et le CNCR, cet atelier a réuni Les institutions d’intégration régionale; les organisations socioprofessionnelles agro-sylvo-pastorales et Halieutiques; les institutions bancaires et de microfinance ;
Cette cérémonie d’ouverture présidée par Monsieur le Secrétaire d’État aux coopératives et à l’encadrement paysan, s’est articulée autour de 5 interventions : le président du CNCR , hôte du présent atelier a prononcé le mot de bienvenu et de cadrage. A sa suite les allocutions des partenaires FAO et AFD prononcés respectivement par , Messieurs Mame NDIOBO DIENE et Mathieu Boch, responsable pool agriculture et développement rural au Sénégal. Le président du ROPPA , Monsieur Ibrahima coulibaly en ensuite pris la parole au nom de l’ensemble des producteurs de l’Afrique de l’Ouest. La série des interventions a été clôturé par le discours officiel d’ouverture de l’atelier prononcé par le président de la cérémonie à savoir, Monsieur le Secrétaire d’État aux coopératives et à l’encadrement paysan.
DNUAF : Le Sénégal, premier pays de l’Afrique de l’Ouest à atteindre le stade de validation de son plan d’action
La validation nationale du Plan d’Actions de la DNUAF au Sénégal représente une avancée politique majeure pour les exploitations familiales. Parmi les cinq pays ayant élaboré leur plan (Mali, Sénégal, Gambie, Togo, Burkina Faso), seul le Sénégal est parvenu à l’étape officielle de validation. Ce succès est due à l’engagement des autorités politiques et à la forte mobilisation du CNCR, des organisations paysannes et des OSC réunies au sein du CNAF.
Cependant, plusieurs défis demeurent : la lenteur des processus nationaux, l’insuffisance des ressources financières dédiées à la DNUAF, et une articulation encore faible entre les engagements nationaux et les priorités régionales .
Dans cette dynamique, un appel fort est lancé par le président du ROPPA aux États et aux organisations régionales. Il est indispensable d’ancrer solidement les PAN/DNUAF dans les politiques nationales et régionales, afin d’assurer leur cohérence, leur légitimité et leur impact durable. De même, le financement des plans d’action doit devenir une priorité, car sans ressources dédiées, les engagements resteront difficilement opérationnels.
Le Président du ROPPA a également exprimé sa gratitude à la FAO et au FIDA pour leur contribution déterminante au sein du comité de pilotage international de la DNUAF. Leur accompagnement technique, leur vision stratégique et leur engagement constant ont joué un rôle essentiel dans l’avancement du processus, tant au niveau régional qu’au niveau des pays.
Le financement du secteur ASPH : entre défis persistants et enjeux majeurs
Le financement du secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique (ASPH) est aujourd’hui au cœur des priorités régionales. Les crises climatiques, économiques et sociales fragilisent les exploitations familiales, qui restent pourtant les piliers des systèmes alimentaires ouest-africains. Malgré leur rôle structurant, le secteur ASPH contribue à environ 32 % du PIB régional selon les estimations régionales de la CEDEAO et les engagements agricoles demeurent insuffisamment mis en œuvre.
Les initiatives politiques récentes, telles que la Déclaration de Kampala sur le financement de l’agriculture familiale et les réflexions menées avec la BAD dans le cadre de la PAFO, confirment l’importance critique de la question. Pourtant, une étude du ROPPA révèle que moins de 2 % des financements économiques sont orientés vers l’ASPH, et encore moins vers les exploitations familiales. Les besoins d’adaptation au changement climatique en Afrique de l’Ouest sont estimés à 11 milliards USD par an, alors qu’en 2021, seulement 170 millions USD du financement climatique public international ont été destinés aux systèmes agropastoraux familiaux en Afrique de l’Ouest .
Le déficit de financement s’explique notamment par la faible gestion des risques agricoles, l’insuffisance des données de marché et l’inadéquation des produits financiers aux réalités des exploitations familiales.
Un atelier stratégique pour construire des solutions régionales
Cet atelier constitue un espace stratégique pour analyser les dispositifs existants mais aussi pour valoriser les initiatives portées par les OP et les acteurs des chaines de valeur. Il offre un cadre de dialogue multi-acteurs où les institutions financières croisent les réalités de terrain, et où les OP renforcent leur rôle de force de proposition. Comme l’a affirmé le Président du ROPPA :
« Nous ne cherchons pas à créer un nouveau rapport : nous cherchons à créer un nouvel élan. Le financement de l’agriculture familiale doit devenir une priorité politique non négociable. »
Cet atelier marque ainsi une étape déterminante pour impulser une dynamique régionale ambitieuse en faveur d’un financement inclusif et durable du secteur ASPH, condition essentielle à la souveraineté alimentaire et à la résilience des territoires ruraux.
